mardi 12 février 2013

Ho trovato l'invasore


Bella ciao, Cévennes. (Ho trovate l'invasor) par heleneclaude

Une vidéo qui s'adapte assez à la suite, à écouter pendant la lecture pour s'imprégner de ce que l'on ressent lorsqu'on trouve ce type de saccages d'un lieu où on allait autrefois ; à travers celui-ci, c'est toute une enfance, tout une culture, un groupe familial et social y compris archaïque que l'on ressent comme saccagé; c'est là que les termes envahisseur ou colonisation revêtent tout leur sens. Il est vrai qu'on l'a laissé faire en quittant ce pays qui ne pouvait pas nous faire vivre, du moins pas comme on le voulait. Imbécilité, d'abord nôtre.

jeudi 25 juin 2009

chemin du ranquet

lundi 1 juin 2009



Hélène Larrivé, auteur et éditrice
("Secret de famille", "Noces kurdes", "Lettres à Lydie"...)
Retour au pays... et impression pénible :
un enfant abandonné,
qu'on retrouverait maltraité, exploité, pillé...
____________________________________________________

Dimanche 31 mai 2009



A Saint Ambroix, dans cette "bande de Languedoc,
entre Cévennes et Provence", comme partout...

Notre patrimoine, en déshérence, est saccagé.
Ce patrimoine, c'est nous, notre culture.

Il n'est pas à nous, mais nous, à lui.




"Ecoute le vent dans les arbres,
Le souffle de la brise sur ta tête, le cri des racines,
La caresse du micocoulier,
Et le chant des oiseaux dans la vallée...
C'est la voix de nos ancêtres qui te parle
Et t'exhorte de les porter
Comme ils t'ont porté en eux."






Le mas Quissargues.
Zerbini, Lanot et un groupe de maquisards
y furent arrêtés en 44 et précipités
dans le puits de Célas.

______________________________________________________



UN PETIT CHEMIN PERDU QUI SENT LE THYM,
OUBLIE, SACCAGE... ET RESTAURE




Son symbole : un vénérable, multicentenaire
découvert après que l'on ait défriché, et même par endroit,
tronçonné des arbres morts tombés en travers, pour pouvoir passer. Il a dû voir mon aïeul qui s'y est tué à cheval il y a 80 ans. Parlera-t-il ? A-t-il "vu" ? Etait-ce un accident ? Cold case.


Il avait 61 ans. Un bon cavalier dit-on
mais trop rapide



Une petite tour en haut, presque troglodyte, multicentenaire elle aussi, dont on ne sait à quoi elle servait. Guet ? Séchoir ? Historiens, archivistes, érudits, go...




Finalement, la pioche, ça met en forme et ça calme.


Un paysage de western, superbe, inquiétant aussi...




Par endroit très arboré,
(inspiré d'une oeuvre de Cris German)


Et au bout, coule la rivière,
(inspiré d'un oeuvre de Cris German)




Un chemin, c'est un lien entre la nature, l'homme, les hommes entre eux, les animaux... et peut-être l'esprit.




Défrichage et "escalier" qui conduit à un autre chemin, montant à La Roque.

Celui-ci, un talweg (un chemin ruisseau), un raccourci appréciable, ombragé, débouche sur le premier chemin : il est impraticable. Lorsqu'un chemin est fermé, d'autres le deviennent par ricochet, la végétation gagne etc... En dégager un, c'est en dégager d'autres... parfois eux aussi bouchés plus loin : le maillage des anciens, comme un bas qui file, se défait et nous nous enfermons. Les distances se déforment, paraissent ou sont plus longues, la voiture devient obligatoire... et des trésors sont perdus. En voici un sans doute.

_____________________________________________

l'esprit... et la technique : un bélier


Une richesse peut-être :
les vestiges d'un "bélier"
qui montait l'eau
dans les terrasses autrefois potagères...

ce qui aurait été impossible sans irrigation.


Tout près d'une retenue importante (3m)...


On trouve, parfois enfouis,
des tuyaux de fort diamètre, très lourds...


... boulonnés serrés...



... avec un coude tout en bas
qui évoquent un bélier




Ils n'ont rien à voir avec ceux
de faible diamètre rassemblant
l'eau ruisselant de la montagne,
dans le talweg...



_______________________________________________________

Ca vaut le coup d'aller voir de plus près;
pour l'heure, il faut grimper...



La solution : un escalier échelle.
Ecolo, amovible et commode, relativement...


On a donc aussi défriché ce chemin-ci. Mais tout en haut, presqu'arrivés, déception : on tombe sur une pelouse bien verte, enclose dans une propriété privée dont on doit franchir piteusement la clôture pour sortir. Plus de chemin. Remblayé, le ruisseau, sur ce tronçon ! Avec quoi ? Mystère. Et ses pierres ? Mystère, aussi, mais moins épais : le mas des riverains s'est agrandi.
L'eau passe pourtant et coule toujours en bas, aussi limpide qu'avant. En apparence. Dévier ou arrêter le cours d'un ruisseau est risqué : l'eau saccagera tout, sur place ou ailleurs...


Mais est-ce bien un chemin ?

"Allons, il est perdu puisque personne ne peut plus y passer,
et si personne n'y passe plus, c'est que ce n'était pas un chemin..."
Raisonnement en vrille mais bon... "Allez voir au cadastre" tranche le géomètre.

Vérification, aux archives



Le cadastre napoléonien, à Nîmes.

Emouvant : peint à l'aquarelle, tracé et écrit à la main, impeccable, méticuleux. Ici, on voit un puits, hélas comblé [en haut, au milieu de la ligne en pointillés] ; le chemin-talweg qui monte à la Roque, vertical, inscrit, alléluia ! comme un chemin [et non en bleu comme un cours d'eau]; celui de Saint Victor... et là, cerise sur le gâteau, il est bien plus large que l'on ne pensait.
Dans tout le cadastre, on en voit bien d'autres, la plupart perdus, labourés, coulés, lotis.

Un détail : le domaine public est imprescriptible. Cela veut dire qu'il est impossible à un tiers d'acquérir un bien public par voie de "prescription", c'est à dire par une possession [une captation] même prolongée.



La suite, sur le terrain : le chemin surplombe une propriété privée...
Gênant certes car il n'y a plus d'arbres : i
ci, Vôtan, curieux, observe un matou en contrebas. A présent, il a appris à marcher "droit", en chien bien élevé.
________________

Tout va bien. Mais... Mais cent mètres après,
l'image choc...



















Ce qui vient à l'esprit, une éventration




Je pense à Guy






à Lydie,


à tous...


DISPARUS...









_________________________________________________



D'où ce Comité.



SAUVEGARDONS NOTRE PATRIMOINE


Aux jeunes qui ne se laissent pas arrêter par des barrières,
aux poètes qui y cueillent des asperges ou contemplent les orchidées,
à Jorge qui y a durement travaillé,
à Fred le parisien qui y fait son apprentissage de paysan,
à Christian qui y retrouve son père,
à Mireille qui va y retourner sous peu, à plat à présent,
à Sandra qui y cultivait son jardin,
Aux vieux qui allaient y récolter les légumes de la soupe,
à Madame Pantousié qui y voit flotter l’âme de sa mère,
à Georgette qui y a trimé dans sa jeunesse,
aux fileuses qui se brûlaient les doigts,
et étouffaient dans la puanteur des chrysalides,
à tous… Ce chemin...


Ces splendeurs, notre patrimoine naturel et culturel voire cultuel, ces murs de pierres, quasiment occultés depuis longtemps, sont à présent relativement accessibles. A la collectivité de suivre: ce mur éboulé, c'est à des pro de le reconstruire. Il
le sera ... sous peu : c'est au pied du mur dit-on, que l'on voit... l'élu. Ecolo ? Parfois. Souvent. Mou ? Parfois aussi. Ca dépend... s'il y a du vent ? Peut-être. Mystères de la politique, insondables.



Un cadeau d'un ami à une maladroite. Merci, Jorge.



L'échelle de Jacob. Biblique. Elle pèse ? 130 kg ?
Faite sur place avec des troncs pleins, d'acacias. Imputrescibles.



"Comité de sauvegarde de notre patrimoine.

Partout, des campagnes, chemins, lieux historiques, baignades... deviennent inaccessibles et sont dégradés : peu à peu, nous délaissons les plaisirs naturels et gratuits, marcher, jouir d’un panorama, sentir des odeurs, observer la faune, la flore, se baigner dans un gourg… pour des loisirs imposés coûteux, artificiels, malsains, polluants : télé, piscines, autos. Notre patrimoine culturel fout le camp, ce patrimoine exceptionnel qui nous a été légué depuis des siècles encore intact par endroits : nos enfants sont privés de ce qui a enchanté notre vie.

Avant que ce ne soit irrémédiable, réagissons : allons nous promener ! Pique niquer, découvrir une grotte, des castors, oiseaux, plantes (parfois rares !) Rattrapons le coup si possible..."




Et c'est possible. Les mains, ça peut servir parfois... (Sexy, non ?)





Mais ça valait le coup !




Quelques débris cependant, sur les bords, trois fois rien.
Vôtan s'est baigné avec enthousiasme,
fasciné par les galets scintillants.


"Faisons aussi appel à nos élus. Notre région, chargée d’histoire, poétique et belle, partout est exaltée : un phare. Respectons la, faisons la respecter ! Et soyons vigilants : le saccage écologique ressemble parfois à de la "revalorisation" ! Abattage d’arbres, de buttées, comblement et déviation de ruisseaux remplacés par des pelouses, terrains de golf tape à l’œil… conduiront et ont déjà conduit à des catastrophes annoncées : sous peu, la terre qu’ils retenaient ou canalisaient glissera, l’eau emportera tout et partout. Ce sera donc à nous de rebâtir. Les promoteurs ? Indemnisés, loin. Bénéficiaires. L’addition ? Devinez."

Hélène Larrivé. Pour un comité de sauvegarde, avec le "Réboussier" (voir le blog et le site "larrive.info".) 06 87 55 42 13 ou 04 66 61 37 12.
Renvoyez la feuille : 513 ch Ranquet St Ambroix 30 ou laissez un message signature sur le net.


______________________________________________



Et voici l'historique. L'expédition (la première croisade)




Départ: équipement, portable, sécateur, tout va bien encore.



Une fois franchies les ronces de l'accès,
et quelques troncs d'arbres peu engageants,
on passe, et même bien.
Des herbes, rien de plus...


Ca sent la brise, le chèvre feuille... le soleil.
L'âme de mes ancêtres ? aussi.
Mais... Mais...





Montjoie, Saint Denis ! L'image pénible.

Vôtan, perplexe, se retourne : "On y va, tu es sûre ?
Tu vois bien que ça ne va nulle part...
Et ça doit être plein de chats..."




J'insiste : après tout c'est moi le chef.
Et juste après, on retrouve le chemin intact.
Ce n'était pas le terminus d'un cul de sac
mais un éboulement très circonscrit.






Et le deuxième miracle, plus loin encore, découvert ensuite :
le Vénérable, 300 ans au moins, 6m de circonférence.

Il faut l'interroger. Il n'est encore pas très loquace, déshabitué qu'il est aux hommes, mais ça viendra. Il faut surtout le débarrasser de ce lierre qui l'importune. Lors du prochain passage, pensez-y.

(Tronçonneuse nécessaire étant donné l'engin.)



Et voici un des talwegs
(ruisseau praticable à pied ou avec des ânes)
qui coupent le chemin; celui-ci
descend du point le plus haut de la Roque,

dit les "Trois pins",
jusqu'à la Cèze.
Perdu dans des broussailles mais intact.
Quelques vestiges, pas encore archéologiques:
pièces de voitures, casseroles...
Dans 800 ans, les érudits se réjouiront.



Et, plus loin encore, après avoir franchi des ronces
phénoménales, tout en bas d'un autre talweg,

enfin, LE monument.

Bordé de murs parfaitement ouvragés,
de 3-4 m de haut, c
'est le chemin de la Viguerie,
à demi enfoui depuis longtemps
et dégagé par l'eau, qui a fait un travail d'archéologue.
Il comporte un puits en hauteur qui a l'air d'une tour :
profond, ses bords circulaires semblent faits au compas.
Impressionnant.





Voilà donc la route qu'empruntait
mon aïeul Marin Brahic...
Une minute de silence.

Comment les maçons d'autrefois ont-il pu réaliser un tel ouvrage,
avec de telles pierres, à un endroit pareil ? Attention: des sangliers occupent et ils n'ont pas le sens du communal. Venez avec un chien, l'odeur seule les fait fuir.



La remontée, de la Viguerie aux "Trois pins"

Passer par la montagne pour éviter de revoir le chemin éventré ? idée idiote. Le soleil, la roche nue, les éboulis, les épineux...
C'est Vôtan qui m'a tirée d'un mauvais pas. [Malaise, angoisse.] Il m'a léchée sans arrêt pour me "réveiller", faisant circuler le sang vers le cerveau, puis conduite vers un passage moins abrupt qu'il avait deviné. Durant tout le temps que j'étais allongée, il s'est mis entre le soleil et moi. Lorsque les gendarmes sont arrivés à la route, merci à eux, je sortais des broussailles, hirsute, sans lunettes -perdues- ni foulard -perdu aussi- vêtements déchirés, mais relativement remise. Le soleil avait baissé.



Ce photo reportage lui est dédié.




Ainsi qu'à Lydie :
le temps, "une illusion persistante"...



La cascade

_________________________________________________________


Et un peu de pub à présent : le travail bénévole, c'est bien, mais ça ne nourrit pas sa femme, son (ou plutôt ses) chiens, chats, ânes etc... Voir les blogs actualité HBL (Darfour, Femmes d'Iran, Secret d'actualité...) dont le sommaire se trouve sur :



Et mon dernier livre "Le puits de Célas", qui fait suite aux "Lettres à Lydie" (à l'origine, c'était une préface) disponible dans toutes les bonnes librairies et à la "Maison de la presse" de Saint Ambroix en particulier.
En cours d'édition : "Les chants philosophiques"... qui se déroulent bizarrement... sur une terre qui jouxte ce chemin. Un essai philosophique sur la nature.
Autres activités d'HBL : des sites Internet, rédaction, conception etc... (Ecrivain public et informatique.) 0687554213


A ce sujet, Guenter Leitzgen,
cinéaste et historien allemand résidant à Erlan,
a réalisé un film sur la résistance dans les Cévennes,
remarquable, dans lequel il est question du Puits de Célas
et de Lisa et Hedwig, les deux résistantes
allemandes
qui y furent précipitées. Qu'il en soit remercié...
et qu'il puisse le faire passer ici.
Il possède une maison à Chadouillet où il rend souvent.
Tapis rouge SVP: là, c'est le moins...
guenter.leitzgen@franken-online.de

__________________________________________



Pour nous rejoindre, poster un message à
helenelarrive@gmail.com



A bientôt !






free counters

Cliquer sur l'image pour ouvrir "le syndrome japonais"